Plutôt que de recopier toutes
les explications et les éléments de l'enquête ainsi que les doutes
que chacun peut avoir légitimement face aux affirmations, aux
circonvolutions intellectuelles ou aux oublis des enquêteurs
officiels français et aux réticences britanniques, je vous renvoie sur ce très bon site
ICI.
|
|
26 novembre 2009
Le procès du crash du Concorde en manque de témoins
Les familles des
victimes craignent de perdre leur indemnisation s'ils parlent de
l'accident.
Les familles
des 113 victimes du Concorde d'Air France qui s'est écrasé à Gonesse
(Val-d'Oise) le 25 juillet 2000 risquent fort de rester silencieuses
lors du procès, qui s'ouvrira le 2 février 2010 devant le tribunal
correctionnel de Pontoise
"On ne trouve
personne qui accepte de témoigner, déplore Stéphane Gicquel,
secrétaire général de la Fédération nationale des victimes
d'accidents collectifs (Fenvac): les contrats de droit américain que
les ayants droit ont signés avec les assureurs leur interdisent de
parler de l'accident, sous peine d'annulation. Résultat : les
familles sont terrorisées à l'idée de perdre leur indemnisation et
préfèrent se taire !"
La question qui
vient immédiatement à l'esprit, c'est: Qui ? Qui en effet a demandé
d'inclure cette clause dans les contrats d'indemnisation ? Qui a
intérêt à ce que le procès soir le moins médiatisé possible faute de
combattants ? |
|
2 février 2010
Ouverture
du procès - Ambiance
Nous avons en mémoire
les deux procès récents du Mont Sainte Odile qu'on a aussi qualifié
d'exceptionnels à l'époque, en 2006, ainsi que ceux de Habsheim. (
ICI
) A chaque fois des crashs en France avec des avions français. On ne
peut pas dire que le déroulement de l'instruction et des audiences
fut conforme aux attentes mises en la Justice par toutes les
personnes concernées, accusés et victimes. En sera-t-il autrement
pour le Concorde ? Rien ne le laisse espérer au vu des conclusions
des experts et de l'instruction judiciaire qui a suivi.
L'ombre du crash de l'A330
Rio-Paris est aussi dans le rayon d'action des mêmes administrations
et laissera probablement planer lors des débats d'autres
soupçons de partialité du BEA et de rigueur d'Air France.
Ainsi on est bien obligé de
remarquer que la sacro-sainte notion de sécurité tant mise en avant
par les autorités de certification et de contrôle, les constructeurs
et les compagnies aériennes est sujette aujourd'hui à bien des
doutes et des critiques.
Avec la crise économique et
les nouvelles lignes TGV, n'est-ce pas aussi une des causes de
la désaffection des passagers pour le transport aérien? |
|
2 février 2010
Rappel
des hypothèses des causes du crash
- Selon le BEA et
l’expertise judiciaire
En quittant la piste 26 de
décollage, un DC10 de Continental Airlines perd une lamelle en
titane. Ce bout de métal de 40 centimètres environ est à l'origine
de l'accident. Quelques instants plus tard, le supersonique roule
dessus et l'un de ses pneus éclate. Les projections de caoutchouc
crèvent un des réservoirs, entraînant une fuite de kérosène qui
s'embrase.
- Selon Continental
Airlines
S'appuyant sur les
déclarations de plusieurs témoins, l'avocat de la compagnie
aérienne, Me Olivier Metzner affirme que l'incendie s'est déclaré
700 à 800 mètres avant que le Concorde ne roule sur la lamelle. Les
techniciens auraient omis de remonter l'entretoise, une pièce de
métal reliant les roues et les maintenant dans l’axe. Un effort
angulaire supplémentaire aurait ainsi sollicité le pneumatique et
l'aurait fait éclater lors du passage sur un joint de béton de
mauvaise qualité de la piste.
Un déflecteur d'eau aurait alors été arraché, perçant le réservoir.
La surcharge de l'appareil serait également en cause. Une version
que rejette formellement Air France.
- Le
complément à cette thèse.
En plus de la surcharge
carburant effective de l’avion d’environ 1 tonne, il faut ajouter le
coefficient de réduction du poids maximum lors d’un décollage vent
arrière, ce qui était le cas ce jour là. On arrive alors à une
surcharge calculée de plus de 5 tonnes.
On ne peut pas non plus
éliminer une autre surcharge régulièrement « oubliée », le poids
réel des passagers et de leurs bagages prévus pour vivre une semaine
de croisière sur un paquebot. De plus, un Américain ou un Allemand
n’est pas morphologiquement identique à un Asiatique. Le poids moyen
du passager utilisé comme référence en aéronautique n’est
qu’indicatif.
- Selon un officier
mécanicien britannique (un "surplein" en kérosène)
Le troisième scénario est
celui de Ian Kirby, un ancien officier mécanicien navigant de
British Airways qui affiche vingt-deux ans de vol sur Concorde. Son
témoignage sur les pratiques des équipages du supersonique a fait
sensation dans le milieu aéronautique. Mais il souffre d'un handicap
de taille : il ne peut être prouvé. ( Comme si le choc avec la
lamelle pouvait l'être). En 2000, les boîtes noires n'enregistraient
pas les paramètres de vol qu'il invoque.
Traditionnellement, le
Concorde transférait une partie de son carburant du réservoir
arrière (le 11) vers les réservoirs centraux (le 5 et le 8) pour une
plus grande maniabilité de l'appareil au décollage. Une fois à
l'altitude de croisière, l'équipage, transférait à nouveau le
carburant vers l'arrière. Cette manipulation permettait de tenir
plus longtemps l'allure supersonique en consommant moins. Avant le
décollage, l'équipage du vol AF 4590 a donc transféré une partie du
carburant du réservoir 11 vers les réservoirs 5 et 8. Selon Ian
Kirby, l'équipage d'Air France aurait ensuite pu fermer la pompe du
réservoir 11 mais laisser ouvertes les vannes d'accès des réservoirs
5 et 7 comme cela se faisait alors souvent. La mise en marche d'une
pompe («de air switch») de dégazage du réservoir 11 achevait alors
de transférer les dernières gouttes de carburant qui pouvaient
l'être dans les réservoirs centraux. Une procédure qui n'était dans
aucun manuel d'exploitation mais qui permettait de grappiller un peu
de centrage de poids au décollage, surtout quand l'avion était en
surcharge. Et c'était le cas ce 25 juillet 2000.
Selon Ian Kirby, la présence
de quelques bulles d'air dans le réservoir numéro 5 aurait dû
amortir l'impact du pneu. C'est le surplein en kérosène qui aurait
fait éclater le réservoir. Ce scénario met en question l'équipage
d'Air France et apporte un complément d'information à la thèse
officielle du coup de «bélier hydrodynamique» qui n'explique pas
comment un pneu peut faire éclater un réservoir. |
La
fameuse lamelle retrouvée dans l'herbe en bordure de piste |
-
Les actualites du droit
-
Blog HMC
-
BEA-rapport d'accident |
Quelques liens pour mieux comprendre |
-
Analyse du rapport du BEA |
|
250
journalistes et techniciens, 60 témoins et une trentaine d'experts
étaient présents pour ce premier jour du procès. Combien demain et les jours
suivants ?
En marge
du procès, l'ancien ministre communiste des Transports, Jean-Claude
Gayssot, en fonction lors du crash du Concorde en juillet 2000 et
grand spécialiste de l’aérien, a déclaré sur Europe 1 :
"Ma conviction, c'est que le Bureau enquête accidents et l'enquête
judiciaire ont confirmé que le crash s'est produit après l'explosion
du pneu qui était passé sur une lamelle d'un avion américain
Continental Airlines, et qu'un enchaînement de faits a fait que le
Concorde s'est crashé".
Politiquement sûr, l'ami Gayssot! Et comme c'est un avion américain
le fautif... |
|
Le Tribunal
"L'inévitable
technicité de ce procès ne doit pas lui faire perdre sa dimension
humaine", a rappelé la présidente du tribunal, Dominique
Andréassier.
Vœux
pieux car dans la salle d’audience il n’y a quasiment aucune famille
des passagers décédés. Elles ont toutes été très bien indemnisées en
échange de leur silence et de leur désistement complet.
Alors
que ce genre de procès après une grande catastrophe est toujours
prétexte à permettre aux victimes de faire leur deuil, ce ne sera
pas le cas ...cette fois.
Seules
les parties civiles pas encore indemnisées comme celle de l’équipage
ou du personnel de l’hôtel sont présentes.
Pas
d’illusions non plus quant à la recherche de la vérité puisqu’une
seule hypothèse a été étudié par les experts et validée par le juge
d’instruction. Et dans un prétoire, chacun le sait, il n’y a aucune
échappatoire possible en dehors de la sacro-sainte ordonnance de
renvoi du juge d’instruction défendue par les experts présents.
Aucune
possibilité donc pour faire apparaitre à l'audience d’autres causes du crash du
fleuron de l’aéronautique française que cette
étonnante lamelle.
Et les
américains s’en sont bien aperçus puisque les deux prévenus de
Continental Airlines, un chaudronnier, John Taylor, et Stanley Ford,
chef de l'équipe au sein de laquelle travaillait M. Taylor, étaient
également absents en ce premier jour de procès. Si M. Ford "est
souffrant" et "devrait être présent en mars", selon son avocat Me
Emmanuel Marsigny, M. Taylor, sous mandat d'arrêt, ne devrait pas se
rendre au procès. "Il n'a pas de passeport américain" et "ne peut
pas se déplacer", a dit Me François Esclatine, son avocat. |
|
3 février 2010
24 h à peine après le début
du procès, déjà les informations se font rares dans la presse.
Certains médias n'en parlent même déjà plus. Après l'annonce "du procès
du siècle", c'est déjà "l'oubli du siècle" qui se prépare.
Il manque bien sûr la dimension
"mélo" pour les journalistes, sans oublier les contestations et
les polémiques qui ne viendront que plus tard tout en restant bien
évidemment noyées parmi des discours verbeux afin accentuer la
nébulosité de la démonstration pour les profanes.
Reste que quatre mois de
procès reste une réelle rente de situation pour quelques avocats. |
|
Questions
Il serait bon aussi de ne pas oublier
d'examiner et d'analyser dans le détail si les actions de l'équipage
ont été en tous points conformes et si certaines d'entre elles n'ont
pas diminué les chances de l'avion au point de rendre le crash
inéluctable.
- Les flammes se
seraient-elles éteintes avec une vitesse supérieure ?
- Cette vitesse supérieure
pouvait-elle être atteinte avec une gestion différente des moteurs
après la connaissance du feu par l'équipage ?
- Les consignes et
check-list prévues par AF pour un feu moteur étaient-elles les
meilleures dans les règles de l'art ? |
|
|
|
Pour ceux que ça intéresse, voilà quelques
éléments d'études réalisés par le Comité d'Hygiène et de Sécurité et
de Condition du Travail d'Air France.
Texte 1
Texte 2 |
|
6 décembre 21010 - Le
verdict est tombé
Ouf! Le coupable parfait a
été trouvé. Non, ne croyez pas que ce soit l'avion, ni le
constructeur, ni ses concepteurs, ni les organismes de certification
ou de surveillance, ni l'exploitant d'ailleurs, ni même le
responsable de la maintenance chez Continental.
Non, c'est le lampiste
parfait, l'obscur petit mécano qui a fixé cette fichue lamelle avec
son petit marteau dans un coin du hangar et par la faute de qui
la merveille d'entre toutes serait allée au tapis.
Moi, ça me rappelle le petit
bagagiste d'American Airlines en 1972, accusé d'avoir mal fermé la
porte cargo du DC10 et porteur de tous les maux jusqu'à ce qu'on
s'aperçoive que c'était un défaut de conception chez Mc Donnell Douglas.
Triste monde aéronautique
d'avoir élaboré une telle enquête pour ça ! Et triste monde judiciaire de
l'avoir gobé.
Après les procès de Habsheim
et du Mont Ste Odile, fallait-il d'ailleurs imaginer une autre issue
?
Et demain, à quoi faut-il
s'attendre pour l'AIRBUS AF447 ?
PS: Certes, Continental a écopé d'une amende, mais plaie d'argent
n'est pas mortelle, n'est-ce-pas? |
|
Une très
bonne analyse des autres hypothèses du crash sur le site
http://www.securvol.fr.
Vous pouvez lire ici
les conclusions d'Olivier Guérin et François Nénin pour
éviter d'être transformé en caisse de résonnance de la pensée
unique.
Et puis, n'oubliez jamais qu'avant le procès du
"Concorde" d'étaient déroulés ceux de Habsheim et du Mont Sainte
Odile, des "entrainements" pour tous ces gens là.
Les CR des ces procès sont disponibles sur ce site ICI
|
|
6 décembre 2010 -
Critiques du SNPL
Le SNPL, dans un communiqué
critique le jugement:
Une occasion de forcer les
constructeurs et les autorités de contrôle à renforcer leur
efficacité dans le suivi de la navigabilité des aéronefs a été
manquée. Une occasion d'accroitre la sécurité du transport aérien a
été manquée. Le SNPL le déplore. C'est une triste journée pour la
sécurité des vols. |
|
16 décembre 2010 -
Après Continental, Air France fait Appel
Après "Continental" qui a aussitôt fait appel du jugement,
le jugeant "absurde". Air
France, partie civile, fait appel à son tour.
Selon son avocat Me Fernand Garnault,
Air France veut être "à armes
égales devant la cour avec Continental, qui a "dit énormément de mal
sur Air France, ce qui n'était pas justifié ni techniquement, ni
juridiquement". Air France veut être en mesure de réfuter cette
avalanche d'argumentations techniquement inexactes qui avait été la
base de la défense d'ailleurs inutile de Continental".
D'autre part, argument très intéressant
de HMC sur
son site, qui relève "une grave erreur des
juges" en condamnant le chaudronnier de "Continental" puisque
celui-ci ne pouvait pas objectivement imaginer toutes les
conséquences de son "erreur" lorsqu'il l'a faite.
Le 21 décembre enfin, le Parquet décide à son
tour de faire Appel. |
|
|
Le juge et l'avocat d'Air France Me Garnaud |
|
En novembre 2012, le procès en Appel
Le 29 novembre 2012 tombe le
verdict: Les magistrats de la Cour d’appel de Versailles
relaxent Continental Airlines au pénal, mais le jugent
civilement responsable de l’accident. Ils le condamnent à
verser 1 million d’euros de dommages et intérêts à Air
France pour "atteinte à son image". Les deux employés de la
compagnie condamnés en première instance, Stanley Ford
et John Taylor sont relaxés de même que Claude
Frantzen, un des principaux
dirigeants de la Direction générale de l'aviation civile
(DGAC) de 1966 à 1994 contre lequel le ministère public
avait pourtant requis 18 mois de prison avec sursis pour
ne pas avoir interdit de vol le supersonique à temps.
L'avocat de M. Frantzen, Me
Daniel Soulez Larivière, avait estimé qu'à travers
son client, "bouc émissaire", "on fait
le procès de l'Etat".
Au final, la Justice
estime donc qu'aucun des acteurs aéronautiques n'est
responsable pénalement du crash du bel avion et de
la mort de 113 personnes.
Malgré 12 années de
procédures et d'enquêtes mobilisant des centaines de
personnes, "le procès aérien du siècle" se termine
en eau de boudin. Tout ça pour ça ?
|
|
|