www.crashdehabsheim.net

Tahiti: Crash de Hawaiian Airlines

 
 

La veille de Noël, ce 24 décembre 2000, un peu avant 10h du matin, le DC10 de la compagnie "Hawaiian Airlines" N132AA en provenance de Honolulu rate son atterrissage à Tahiti-Faaa et termine sa course dans le lagon, face au port. De forts orages avaient perturbé l'approche et l'avion s'était posé bien au delà du seuil de piste. Aucune victime n'est à déplorer.

Après l'évacuation, on constate qu'une partie importante des gilets de sauvetage n'a pas pu être utilisé à la suite d'un mauvais conditionnement, mais les passagers ont réussi à évacuer sur la terre ferme ou dans de l'eau peu profonde.

7 ans auparavant, c'était le F-GITA d'Air France qui terminait sa course dans le lagon, mais de l'autre côté de la piste.

 

Le 12 décembre 2007, le BST Canadien rendait public le rapport sur l'accident de l'A340 d'Air France survenu à Toronto le 2 aout 2005. Les enquêteurs y font référence à cet accident de Hawaiian Airlines, comme étant un avertissement  pour les analyses de vol lors des atterrissages par mauvais temps.

 

 

Voici un extrait du rapport du BEA que vous trouverez dans son intégralité ICI.

 L’approche

Lors de la préparation de l’atterrissage, l’équipage n’a pas pris en compte la présence de cumulonimbus aux abords de l’aérodrome. Pendant la descente, les conditions météorologiques extrêmement changeantes l’ont progressivement amené à prendre conscience de conditions particulières à l’arrivée. Néanmoins, il n’a pas demandé au contrôle comment cette situation avait évolué sur l’aérodrome. Il n’a pas non plus envisagé de différer l’atterrissage, alors qu’une attente à OVINI était possible. En arrivant en courte finale, il est entré dans une zone de pluie et de turbulences liée au passage à ce moment d’un orage sur le terrain.

L’arrondi

Les enregistrements de l’intensité et de la direction des vents le long de la piste montrent des variations omnidirectionnelles en fonction du temps. La nature turbulente du vent explique l’activité importante du commandant de bord sur les commandes de vol afin de conserver le contrôle latéral de la trajectoire, peut-être au détriment du contrôle du plan de descente en courte finale.

La réduction de puissance a été tardive : il s’est écoulé sept secondes entre l’annonce radiosonde dix pieds et le toucher du train principal. Cette réduction s’explique peut-être par une certaine focalisation de l’attention du commandant de bord sur le contrôle latéral, elle peut aussi être intentionnelle, une puissance élevée permettant un meilleur contrôle de la trajectoire. Quoiqu’il en soit, la puissance élevée a entraîné une augmentation de la distance de planer. Cette augmentation a été favorisée par une composante instantanée de vent de face, comme le montre l’augmentation de la vitesse conventionnelle quatre secondes avant le toucher du train principal.

L’ensemble de ces facteurs a décalé le toucher des roues d’environ neuf cents mètres vers la mi-piste.

Le roulement à l’atterrissage

Dès l’atterrissage, l’avion s’est déporté vers la gauche de la piste du fait du vent traversier, de la piste mouillée et de l’utilisation des inverseurs de poussée.

Bien qu’armés, les destructeurs de portance ne sont pas sortis automatiquement après le toucher des roues. Ce phénomène, lié à la mise en rotation des roues du train principal, peut se produire lors d’un atterrissage par vent traversier, sur piste mouillée ou lorsque la vitesse verticale lors du contact avec le sol est faible.

Toutes ces conditions étaient présentes. Le commandant de bord, accaparé par le contrôle de la trajectoire sur la piste, ne s’est pas aperçu de ce non déploiement.

C’est le mécanicien navigant qui, huit secondes après le toucher, l’a fait. Pendant ce temps, l’avion glissait et ne bénéficiait pas d’un freinage aérodynamique optimal ; l’efficacité des freins était également diminuée. La course au sol de l’avion en a été rallongée.

Remarque : il est regrettable que les mesures physiques des caractéristiques de frottement de la

piste ne soient pas disponibles, car elles permettraient le cas échéant d’intervenir pour les corriger.

En outre, elles pourraient permettre au pilote de sélectionner un mode de freinage approprié.

La sortie de piste

Lorsque le commandant de bord a aperçu les antennes du localizer en bout de piste, il a augmenté son action sur les inverseurs, maintenant inefficaces du fait de la vitesse de l’avion, et sur les freins. Ces événements se sont déroulés dans la zone de toucher des roues de la piste 22, zone dont la surface est recouverte de gomme et dont l’adhérence est moins bonne que sur le reste de la piste. L’action du freinage est devenue quasi nulle, comme l’a indiqué le commandant de bord dans son témoignage. Plus rien ne pouvait empêcher la sortie de piste.

L'évacuation

Le mauvais conditionnement de certains gilets n’a pas eu d’impact sur la sécurité car il y avait plus de gilets que de passagers et l’évacuation de l’avion se déroulait dans le calme et sans précipitation. Il est probable que dans d’autres conditions, moins favorables, la découverte par les passagers de l’indisponibilité de certains gilets aurait été un facteur de panique.

Alors que deux navigants de cabine parlaient le français, certains passagers francophones n’ont pas compris les consignes de sécurité lors de l’évacuation.

Cette situation paraît difficilement évitable dans les conditions d’une évacuation d’urgence, en particulier quand le système d’adressage cabine, le public address, ne fonctionne pas, avec le stress et l’impossibilité évidente de regrouper les passagers par langue ; dans certaines conditions, on ne peut même pas exclure qu’elle survienne avec des passagers connaissant parfaitement la langue employée par l’équipage. Seule une écoute attentive des consignes de sécurité présentées au début du vol et la lecture de la documentation placée à la disposition de chaque passager peut pallier, au moins partiellement, à cette difficulté.

 

 

       

A quelques mètres près, comme pour le B747 d'Air France, c'était le plongeon dans la passe profonde

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

               

 

 

L'avion accidenté N132AA appartenait auparavant à American Airlines

Réparé, le N132AA sera vendu à FedEx et converti en cargo