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L’ATR 72 immatriculé TS-LBB de la compagnie Tuninter, filiale de
Tunisair, assurait la liaison BARI (Italie) – DJERBA (Tunisie) avec
35 passagers et 4 membres d’équipage. A 30 km au large de Palerme,
le pilote annonce la panne d’un moteur suivie rapidement de l’arrêt
du deuxième. L’appareil plonge aussitôt vers la mer et tente
d’amerrir sur une eau très agitée. L’ATR se casse en trois morceaux
sous le choc violent. Les rescapés arrivent à se hisser sur l’aile
et la partie centrale de l'avion qui flottent toujours, avant d’être secourus par des bateaux et des
hélicoptères italiens. 23 survivants sont recueillis, 13
malheureusement décédées et
3 portés disparus. Une enquête est immédiatement ouverte et une
information des médias et donc du public se déroule en temps réel.
La panne quasi simultanée des deux moteurs est hautement
improbable et l'enquête s'oriente vers l'alimentation électrique et
en carburant ainsi que sur la qualité du carburant fournit. Les
"boîtes noires" installées dans la queue de l'avion se trouve
maintenant à plus de 1000 m de fond. Difficile (mais pas impossible)
d'aller les récupérer.
Comme pour le crash de l'A340 d'Air France à Toronto, les autorités
italiennes communiquent en temps réel en permettent une large
diffusion des images de l'accident. Comme au Canada, personne ne se
réfugie derrière de pseudos secrets administratifs ou juridiques.
Comme au Canada, c'est un exemple de la liberté de la presse et du
droit à l'information du public que tous les responsables
politiques, aéronautiques et judiciaires de France feraient bien de
méditer. Et pourtant l'ATR est construit aussi en Italie.
L'ATR immatriculé TS-LBB qui s'est abîmé en
mer
Les
photos suivantes sont de
et de |
Les bateaux de sauvetage arrivent sur les lieux de l'amerrissage. Le pilote
avait eu le temps de les prévenir par radio.
La partie centrale de l'avion est la seule qui ne
coule pas. Elle permet aux rescapés de tenir jusqu'à l'arrivée des
secours. L'avant et l'arrière gisent par plus de 1000 m de fond avec
les "boîtes noires".
Les rescapés et les malheureuses victimes sont hissées à bord des vedettes
italiennes.
La carcasse de l'ATR est récupérée aux fins d'analyse. L'état du fuselage
laisse comprendre la violence du choc au contact de l'eau.
Les moteurs qui se sont mystérieusement arrêtés à
quelques minutes d'intervalle vont pouvoir être analysés.
Quand aux rescapés, ils tentent
de se remettre de leurs traumatismes dans les hôpitaux italiens.
Certains diront même qu'ils doivent la vie à leur gilet de sauvetage
qu'ils ont gonflé avant le crash à l'intérieur de l'avion, contrairement
aux ordres de l'équipage. Complètement "sonné" au moment du choc, ils
n'auraient pas eu la force de réagir après coup.
Certains vont répéter leur aventure à qui veut les
entendre, une manière très efficace de contrer le stress du crash.
D'autres, bien que blessés, en
prenant conscience de leur chance, vont retrouver le goût de vivre à
100%.
L'ENQUÊTE
Le 7 septembre, un mois après
l'accident, et selon une agence de presse italienne, l'enquête se
dirige vers un problème de jauges de carburant. La veille de
l'accident de nouvelles jauges prévues pour un autre type d'avion
(ou de moteur) auraient été montées par erreur . Elles auraient indiqué au pilote
des réservoirs pleins alors qu'ils étaient vides.
Dans le même temps, les assureurs,
pensant à l'innocence de la compagnie, ont débloqué quelques 12,5 M$
pour rembourser l'avion et également 2,5M€ d'indemnisation par
famille de victime.
Sur ces entre faits, l'état italien
décide d'interdire sur son sol l'activité de Tuninter pour défaut
d'entretien.
LES CAUSES DETERMINEES PAR LA JUSTICE ITALIENNE
Les autorités italiennes
vont conclure qu'une erreur d'installation d'une jauge de carburant
sur l'ATR-72 est à l'origine de l'accident.
Ce jour-la, l'équipage
croyait avoir 3.000 litres de kérosène dans ses réservoirs au moment
où l'avion s'est ravitaillé à Bari, dans le sud de l'Italie. Pour
retourner à Djerba, il n'a donc demandé que 240 litres
supplémentaires.
Faute de carburant, les deux moteurs se sont arrêtés à peu près en même
temps, empêchant l'avion d'atteindre l'aéroport de Palerme et le forçant à un amerrissage
d'urgence devant les
côtes nord de la Sicile. |
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Voici le
texte paru le 23 mars 2009
sur le site "Business News.com.tn" à propos du jugement prononcé par un
tribunal italien et qui condamne le pilote et le co-pilote à 10 ans de prison ferme chacun, le
Directeur Général et le Directeur Technique à 9 ans
chacun. Deux techniciens le sont à 8 ans fermes
chacun. Du jamais vu! |
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http://www.businessnews.com.tn/BN/BN-lirearticle.asp?id=1086646
Le tribunal italien de Palerme a prononcé lundi 23
mars 2009 son verdict dans l’affaire du crash de
l’ATR de la compagnie aérienne tunisienne Tuninter.
Le
verdict de la justice italienne a été très sévère et
représente une véritable première ! Jamais, par le
passé, les responsables administratifs d’une
compagnie aérienne n’ont été condamnés à des peines
de prison ferme. En prononçant des condamnations
allant jusqu’à dix ans de prison, la justice
italienne inflige aux responsables tunisiens des
peines comme s’ils étaient de véritables chauffards
éméchés sur la route. Et encore, on s’interroge si
les ivrognes italiens du volant écopent de peines
aussi lourdes !
C’est un sentiment d’injustice
profond qu’on ressent après le prononcé du verdict
du tribunal de Palerme relatif à l’affaire du crash
de l’ATR 72 de Tuninter.
Suite à une erreur de jauge de
carburant, l’avion s’est abîmé au large de la Sicile
en août 2005 et le crash a engendré 16 morts et 23
blessés.
Dans cette affaire, le
constructeur italo-français ATR a reconnu ses parts
de responsabilité et les Tunisiens aussi. En toute
logique, et si l’on suit les dizaines (voire
centaines) de crashes similaires, l’affaire aurait
dû se solder par une indemnisation des victimes.
Seulement voilà, le procureur
italien ne voyait pas les choses ainsi. Considérant
les responsables de Tuninter comme des criminels, il
a requis des peines de 8 à 12 ans de prison.
Et le tribunal, en première
instance, l’a suivi. En attendant l’appel que les
avocats vont déjà engager, si ce n’est déjà fait.
C'est tout simplement scandaleux, notamment pour une
entreprise nationale et son dirigeant qui représente
l'Etat tunisien.
Ainsi, le pilote et le
copilote ont été condamnés, en première instance, à
10 ans de prison. Une condamnation fortement étrange
puisque ce pilote et ce copilote ont été considérés
comme des héros, au lendemain du crash, après avoir
réussi à sauver des vies humaines, malgré la
violence de l’accident.
Le directeur général de
Tuninter et le directeur technique ont été condamnés
pour leur part à 9 ans de prison chacun. Une
véritable première !
Deux responsables techniques se sont vus infliger
huit ans de prison, tandis que deux techniciens ont
été acquittés.
Des peines sans commune mesure
avec les jugements prononcés dans ce genre
d’affaires par les tribunaux internationaux, qu’ils
soient européens, américains ou africains. On parle,
en effet, de prison ferme et non de prison avec
sursis.
Exemple, parmi tant d’autres,
celui de l’accident de passerelle du Queen Mary II
qui a fait, en 2003, 16 morts et 29 blessés en
France. Le parquet a requis jusqu'à trois ans de
prison avec sursis contre des salariés de
l’entreprise (mais non son directeur). Le tribunal
ne l’a pas suivi et a relaxé ces salariés, se basant
sur une loi du 10 juillet 2002, dite loi Fauchon,
qui protège les personnes physiques en cas de fautes
non-intentionnelles.
En 1992, dans le crash de
l'airbus d'Air Inter, aucune personne physique n’a
été condamnée à de la prison ferme (ni en sursis)
bien que les juges aient reconnu l'entière
responsabilité civile des compagnies Airbus et Air
France dans cette catastrophe qui a fait 87 morts.
Le cas n’est pas valable
uniquement en France puisqu’en Italie aussi les
jugements sont similaires dans ce type d’affaires.
Les précédents crashes aériens survenus en Italie
n’ont pas vu les dirigeants et techniciens de
compagnies italiennes condamnés à des peines de
prison ferme.
Exemple de Linat, un crash à
Milan suite à une erreur d’aiguillage il y a 8 ans,
avec 118 morts, mais des peines nettement
inférieures.
Une chose est certaine, jamais
dans l’histoire de la navigation aérienne, on n’a
condamné le dirigeant d’une compagnie à une peine de
prison suite à un crash, quand bien même sa
responsabilité serait engagée (ce qui n’est pas le
cas pour les dirigeants de Tuninter).
Pourquoi donc la justice
italienne se montre-t-elle sévère lorsqu’il s’agit
d’une compagnie tunisienne ? Pourquoi n’a-t-elle
prononcé aucune peine contre les dirigeants du
constructeur italo-français ATR, alors que des
experts (italiens) internationalement reconnus, ont
démontré que l’accident est largement imputable aux
insuffisances techniques de l’appareil.
L’autre interrogation est le
fait même de la saisine de l’affaire par cette
justice italienne. Il a été démontré que le crash
est survenu dans les eaux internationales.
Théoriquement, et conformément aux lois
internationales, la justice italienne n’aurait pas
dû être saisie de cette affaire. Mais il aurait
fallu que le ministère tunisien du Transport
réagisse dès 2005 pour que l’affaire soit traitée
devant les tribunaux tunisiens et non devant les
tribunaux italiens.
Une source officielle au sein
de la compagnie n’a d’ailleurs pas manqué de
soulever la même question, rappelant que c’est une
expertise internationale en bonne et due forme qui a
démontré que l’amerrissage a eu lieu en zone
internationale.
La même source précise que les
victimes ont été indemnisées par son assureur et
celui du constructeur aérien ATR et ce en moins d’un
an, ce qui est considéré comme un record. Le montant
de l’indemnisation est de 22 millions de dinars.
Notre source, enfin, ne manque
pas de relever la médiatisation de l’affaire dans le
sens d’occulter la responsabilité de certaines
parties et de monter en épingle d’autres.
Ainsi, il n’y a pas vraiment
eu d’articles dénonçant la responsabilité d’ATR,
alors que les Tunisiens ont eu droit à toutes les
couleuvres dans la presse italienne (et française).
Aucun média italien ne s’est par ailleurs interrogé
pourquoi condamne-t-on le dirigeant d’une compagnie
aérienne à une peine de prison ferme.
En parallèle,
reconnaissons-le, la compagnie tunisienne a tardé à
réagir et aurait dû, à notre sens, communiquer par
voie de presse et dans les médias italiens aussitôt
le jugement prononcé, d’autant plus que la date du
verdict était connue depuis longtemps. C'est ce qu'on
appelle une communication de crise qui a fait
aujourd'hui défaut chez la compagnie tunisienne.
Nizar Bahloul
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Bien
d'autres journalistes posent des questions qui
dérangent et qui soulignent que des intérêts
supérieurs ont toujours une incidence sur les
décisions des magistrats, quel que soit le pays.
Voici un
reportage sur un site africain qui laisse quelque peu songeur. |
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http://www.africanmanager.com/detail_article.php?art_id=121804
24-03-2009 L’Italie oublie
la responsabilité de son constructeur et condamne le
héros
Un tribunal
italien vient de condamner, en auto saisine et par
contumace, presque toute la compagnie de transport
aérien TUNINTER, filiale de TUNISAIR, à de lourdes
peines de prison, suite à l’accident, il y a
quelques années d’un de ses vols sur l’Italie. Dans
un communiqué que nous avons reçu de TUNINTER, la
compagnie [TUNINTER] exprime son étonnement et son
vif mécontentement suite à la surprenante décision
du tribunal de Palerme. Cette décision suscite les
observations suivantes:
1. Le
tribunal italien s'est autosaisi de l'affaire alors
que les expertises internationales avaient démontré
que l'amerrissage avait eu lieu dans les eaux
internationales.
2. Une
indemnisation d'un montant total de 22 millions
d'euros a été accordée aux survivants et aux
familles des victimes, et ce dans un délai record
(moins d'un an). Cette indemnisation a été versée
par les assureurs de la compagnie TUNINTER et du
constructeur de l'appareil (ATR).
3. Les
peines prononcées sont nettement plus lourdes que
celles décidées en Italie dans des accidents
d'avions plus graves.
4. Il est
paradoxal de constater que le commandant de
l'appareil, qui avait été reconnu comme un héros
'par la presse, par l’Association des pilotes et par
l'opinion publique en Italie, a été condamné à une
peine de prison alors qu'il avait réussi un
extraordinaire amerrissage parvenant à sauver la vie
des deux tiers des passagers.
5. Il a été
démontré par des experts italiens internationalement
reconnus que l'accident est largement imputable aux
insuffisances techniques de l'appareil. De ce fait,
les tentatives visant à impliquer les dirigeants ou
les responsables techniques de la compagnie TUNINTER
ne sont guère justifiables.
6. Il y a
lieu de déplorer la tournure mediatico-politique
prise par cette affaire et les pressions qui
semblent être exercées par certaines parties
cherchant à occulter la part de responsabilité
qu'assument indéniablement d'autres parties dont
notamment le constructeur italo-français de
l'appareil.
7. La
compagnie TUNINTER a chargé ses avocats d'interjeter
appel suite au jugement prononcé par le tribunal de
Palerme ».
Rappelons
par ailleurs que le tribunal de Palerme qui a
acquitté deux accusés, a prononcé des peines
totalisant 62 ans à l’encontre des neuf accusés,
tous des Tunisiens, comprenant le pilote et le
copilote de l’appareil et de hauts gradés de
TUNINTER, tous accusés de multiples homicides
involontaires et d’avoir provoqué une catastrophe.
''Il
s'agissait d'une sentence sans précédent, mais nous
avons toujours maintenu qu'il s'agissait d'un
incident sans précédent,'' a observé Niky Persico,
un avocat de l'une des victimes.
''Jamais dans l'histoire des
catastrophes aériennes, il n’y a eu un tel
enchaînement d'événements '', a ajouté l'avocat.
Le pilote Chafik Gharbi et
le copilote Ali Kebaier ont été condamnés chacun à
10 ans d'emprisonnement.
Le directeur général de TUNINTER Moncef Zouari et le
directeur technique Zoueir Chetouane ont été
condamnés à neuf ans d’emprisonnement, tandis que
des peines de huit ans d’emprisonnement ont été
prononcées contre le responsable de l'entretien,
Zouehir Siala, le mécanicien en chef Chaed Nebil et
le chef d’équipage Bel Haj Rhouma.
Deux membres de l'équipe de maintenance de la
compagnie aérienne ont été acquittés.
De tels procès sont toujours difficiles. Nous avons
fait notre travail, mais dans ce cas , l'atmosphère
qui règne au tribunal peut jouer un grand rôle'', a
observé l'avocat.
L’ATR-72 de TUNINTER
assurait un vol en provenance du sud de la ville
italienne de Bari en direction de l'île tunisienne
de Djerba lorsque les deux moteurs se sont arrêtés
alors que l’appareil s’approchait de la Sicile, le
6 août 2005. |
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Peines réduites en appel pour
le crash de Tuninter en 2005
Le 17 Avril 2012
Palerme (Italie) - La semaine dernière, la
cour de Justice de Palerme (Italie) a réduit les
peines prononcées contre les sept employés de la
compagnie aérienne dont la culpabilité avait été
reconnue lors de l'accident en mer du vol 1153 de la
compagnie aérienne nationale tunisienne
Tuninter, en
2005.
Les sept employés de la compagnie, dont le
commandant de bord, le pilote, le directeur des
opérations, le directeur technique et trois
techniciens ont vu leurs peines réduites après leur
second appel du jugement.
En Mars 2009, à l'issue de leur procès, le
commandant de bord, Chafik Gharbi, avait été
condamné à 10 ans de prison pour homicide
involontaire. Sa peine a été réduite à 6 ans et 8
mois. Le pilote, Ali Kebaier, qui avait lui écopé de
10 ans, a vu sa peine réduite à 6 ans. Le chef des
opérations, Moncef Zouar, condamné à 9 ans de
prison, voit sa peine réduite à 6 ans. Le directeur
technique, Zoueir Chetouane, passe de 9 ans à 6 ans
également, et Siala Zouehir, Nebil Chaed et Rhouma
Bel Haj, les trois techniciens, qui avaient été
condamnés à 8 ans voient leur peine fondre à 5 ans
et 8 mois. Après cet accident, l'Italie avait
interdit la compagnie aérienne de survol du
territoire national, obligeant Tuninter à se
renommer Sevenair dans un premier temps avant de
devenir Tunisair Express.
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