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Editorial:
Un
an après le crash, les familles des victimes du crash de Sharm el Sheikh
continuent leur chemin de croix vers la recherche de la vérité.
Mais
pourquoi faut-il donc qu'après chaque accident d'avion, des intérêts bien
différents de ceux des victimes et de leurs proches aient toujours la
primauté ? Malgré les dénégations des "officiels", les causes de l'accident
restent toujours entourées d'un voile de secret propre à protéger les vraies
responsabilités.
Si
politiquement ou industriellement, force est de constater que les victimes
comptent peu ou pas, d'un point de vue humain, les gestionnaires de tous
poils d'un crash sont innommables à ignorer à tel point le drame humain
engendré par l'accident.
Mais ces
gens-là comptent toujours sur la lassitude, l'oubli ou la volonté
d'apaisement des victimes et de leurs familles pour perpétrer leur basse
besogne de camouflage au nom d'intérêts évidemment inavouables.
Ils n'ont
sont pas à leur coup d'essai avec le crash de Charm el Cheikh.
Les
dépêches de "l'enquête" |
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9 février 2005
Les
familles des victimes françaises du crash aérien de Sharm el-Sheikh
déplorent, dans un courrier récemment adressé au président Chirac, que
les "autorités égyptiennes persévèrent dans leur attitude méprisante et
opaque" plus d'un an après la catastrophe.
Dans une lettre à Jacques Chirac datée de samedi, le
président de l'Association de défense des familles des victimes de la
catastrophe de Sharm el-Sheikh, Marc Chernet, liste de nombreux "motifs
d'insatisfaction" : "Nous n'avons toujours pas reçu la liste des débris
humains identifiés" ou encore "le juge d'instruction français n'a reçu
aucune réponse à ses commissions rogatoires internationales".
"Force est de constater que plus d'un an après la
catastrophe, les enregistreurs de vol, dont la reproduction sur un media
moderne ne prend que quelques minutes, ne sont toujours pas en
possession du juge d'instruction et qu'aucun effort sérieux n'est fait
pour que la manifestation de la vérité progresse", écrit M. Chernet.
Au nom de 338 parents de victimes, il demande au
président Chirac d'enjoindre le président Moubarak d'"exécuter sans
réticence, avec loyauté et célérité, les termes" de la convention
d'entraide judiciaire franco-égyptienne "à ce jour bafouée".
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Y
a-t-il collusion entre Flash Airlines et le pouvoir égyptien ?
L'association des familles de victimes du crash de Charm el-Cheikh, où
avaient péri 148 personnes le 3 janvier 2004, demande au juge
d'instruction de Bobigny d'enquêter par commission rogatoire
internationale. Plusieurs éléments à charge sont notés : des feuilles
numérotées du carnet d'entretien du Boeing 737, celles des jours
précédents l'accident, ont disparu ; l'audit de la compagnie effectué
par l'aviation civile égyptienne est très bienveillant, selon les
spécialistes. Notre enquête montre aussi que l'identité du troisième
homme du cockpit, un «pilote en formation», n'est pas anodine.
C'est un membre de la famille propriétaire de la compagnie et le fils
d'un diplomate égyptien.
La présomption de complaisance est renforcée par les vides notés dans la
transcription des boîtes noires. Avec l'aide d'un expert arabophone,
diplômé de l'Ecole nationale de l'aviation civile de Toulouse,
l'association a épluché chaque phrase montrant la «déférence extrême»
dont faisait preuve le jeune copilote par rapport au commandant de bord,
ancien général de l'armée de l'air. Mais de nombreuses coupures
jalonnent cette transcription du Cockpit Voice Recorder. Même constat
pour l'autre enregistreur de vol, le DFDR, dont le juge d'instruction de
Bobigny n'a toujours pas reçu la copie numérique promise par le chef
enquêteur égyptien. Des duplicatas conformes existent : au Bourget
notamment, au Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), qui, malgré 135
morts français, ne peut en faire état à la justice, selon la convention
de Chicago.
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30 mai 2005
Plusieurs familles de victimes,
accompagnées de leurs avocats et de leurs experts se sont rendus en
Egypte fin mai 2004 afin de faire le point sur l'enquête.
LE
CAIRE, 30 mai (AFP)
L'Egypte va publier fin octobre un rapport préliminaire sur les
circonstances du crash du Boeing égyptien de Flash Airlines, neuf mois
après sa chute, mais elle a refusé de remettre
une copie des paramètres du vol aux représentants des familles des
victimes.
Cet engagement a été pris. "M. Qelada nous a promis de publier un
rapport préliminaire sur les circonstances de la catastrophe au plus
tard le 31 octobre prochain, qui relatera les faits sans analyse et sans
interprétation", a précisé M. Chernet, qui s'est déclaré "très satisfait
par cette avancée significative" du déroulement des investigations.
"La publication de ce rapport sera essentielle sous l'angle judiciaire",
a-t-il ajouté. "Nous avons compris que les Egyptiens voulaient faire un
travail sérieux, approfondi, ce qui va demander du temps", a-t-il dit,
en faisant état de «quelques informations intéressantes» confié au
groupe par M. Qelada sous le sceau de la confidentialité. "Nous
respecterons comme promis cette confidentialité", a-t-il insisté.
Les familles des victimes égyptiennes et françaises s'impatientaient des
lenteurs de l'enquête et de la lourdeur des procédures administratives
en vigueur en Egypte pour ce genre d'accidents.
L'enquête, dirigée par les Américains,
est conduite, côté égyptien, par le capitaine Qelada.
Les hypothèses d'un dysfonctionnement de la
dérive arrière et d'un attentat ont été écartées dans
l'explication de la chute de l'appareil, a dit M. Chernet, confirmant ce
qu'avait annoncé le directeur du Bureau enquêtes et analyses (BEA) de
l'aviation civile française, Paul-Louis Arslanian.
L'hypothèse d'une erreur humaine avait été écartée dès le mois de mars
par le ministre français des Transports Gilles de Robien et M. Qelada a
qualifié de "pure spéculation" que l'accident s'expliquerait par le fait
que le pilote se serait cru en pilotage automatique.
Le ministre égyptien de l'Aviation civile, Ahmed Chafik, avait indiqué
dès le 3 janvier que le Boeing avait fait un "décollage impeccable",
mais que "quelque chose s'est passé" et l'appareil, qui devait virer à
gauche (avait) continué tout droit en tremblant, avant de virer à droite
et de s'abîmer en mer.
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26 avril 2004
Charm el-Cheikh :
toujours pas…
publié
le 2004-04-26 08:29 par RadioCockpit
http://radiocockpit.com/
Le BEA français a publié un communiqué le 21 avril dans lequel il
ressort que "sur la base des constatations faites et des premières
analyses, il a été établi que l'accident est lié à ce qui se passe à
bord de l'avion entre son décollage et son heurt avec la surface de la
mer." Lapalisse n'aurait pas dit cela autrement.
Comme les
travaux des enquêteurs égyptiens "n'ont pas encore permis d'expliquer
ce qui s‘est passé le 3 janvier", voilà que soudainement on apprend
que la bande contenant les enregistrements des voix et bruits du cockpit
a pu être traitée de manière à "améliorer sensiblement la qualité de
la lecture. Cette amélioration va faciliter la transcription complète
des paroles prononcées et les analyses spectrales du bruit de fond, elle
permettra peut-être aussi d'identifier certains bruits de sélecteurs
entendus pendant le vol."
Et voilà que
l'on va tenter de "mieux comprendre les évolutions de l'avion et le
fonctionnement des systèmes de bord" à l'aide d'un "simulateur de
vol en France, avec le soutien de la compagnie Air France, et aux
États-Unis".
Alors, on va
savoir, peut-être, comment réagit le pilote automatique si on
l'enclenche en virage à gauche par exemple, si on le déclenche quatre
secondes plus tard volontairement en cliquant deux fois sur le bouton
correspondant ou encore si on ne l'enclenche pas du tout… Ce que le
simulateur ne montrera pas, c'est comment on gère la trajectoire en
pilotage manuel, sans pilote automatique même s'il avait été enclenché
mais que finalement il ne l'était plus même s'il l'avait été pendant
quatre secondes, le tout en ne "reprenant les commandes que quelques
secondes avant l'impact, mais trop tard", puisque c'est ce qui a été
dit au début de l'enquête.
Mais si la bande
est très lisible, on saura quelles annonces ont été vraiment faites afin
que chaque pilote sache en permanence qui pilotait la trajectoire de
l'avion, comme c'est la norme dans toutes les compagnies aériennes du
monde, du genre "j'ai les commandes", "pilote automatique enclenché sur
tel mode", "confirmé"…
En effet, la
pire des hypothèses serait que les enquêteurs "découvrent" qu'il y a eu
très peu de briefing, de communication et encore moins de check-list
durant ce vol à propos duquel monsieur Tout le monde se demande encore
ce qui a bien pu lui arriver.
Heureusement, la
remise en cause du travail en équipage n'est pas d'actualité puisque, à
aucun moment, les enquêteurs n'ont parlé d'anomalie ou de manquement
concernant les procédures, briefings ou check-lists par l'équipage. Bien
évidemment l'absence de tout ou partie de ces actions aurait
immédiatement été notée par ceux qui ont eu accès aux enregistrements et
on peut donc se féliciter de ne pas être confronté à cette affreuse
hypothèse.
En attendant, on
aurait aussi aimé savoir quelles étaient les amplitudes de travail et de
repos de l'équipage dans les heures et jours précédant l'accident,
puisque aucune législation commune n'existe et que chaque pays est
maître des règles d'emploi de ses pilotes, même en Europe…
Comme on le
voit, il reste encore de nombreux communiqués à rédiger avant que le
grand public commence à comprendre cet accident dramatique. Il serait
bon toutefois, si cela est possible, que tous ces communiqués ne soient
pas trop contradictoires les uns envers les autres, cela serait plus
sérieux…
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