Que sont-ils devenus ?

 
 

Que sont devenus tous ces héros de l'ombre de l'affaire de Habsheim ?

Le 26 juin 2010, 22 ans se seront écoulés depuis l’accident. Le livre « Le pilote est-il coupable » écrit en 1992, a surtout posé des questions et révélé un instantané de certaines façons de faire dans l’Aviation Civile française.

Certains personnages nommés dans cet essai ainsi que sur les pages ce site ont  joué un rôle décisif. Où en sont-ils aujourd’hui ?

      Les politiques :

-         Michel Delebarre, qui avait remplacé Louis Mermaz au ministère des transports, une semaine après le crash n’a pas eu la carrière politique que l’on attendait de lui, il est aujourd’hui maire de Dunkerque.

-         Cyril Spinetta, chef de cabinet de Delebarre, Surnommé « St Just » par Henri Petit, a continué avec succès une belle carrière en qualité de PDG d’Air France, après avoir occupé la même fonction à Air Inter. Le changement de majorité politique en France n’a eu aucune influence sur sa carrière aéronautique.

-         Pierre-Henri Gourgeon, adjoint du précédent dans le cabinet Delebarre, est Directeur général d’Air France. Il avait précédemment occupé le poste de Directeur Général de l’Aviation Civile. Il a été mis en examen dans l’accident de l’A320 du Mont St Odile. Comme pour Cyril Spinetta, le changement de majorité n’a pas gêné sa carrière à Air France.

-         Jacques Friedmann, PDG d’Air France au moment du crash a du céder sa place à Bernard Attali à l’automne 1988, il occupe aujourd’hui un poste élevé dans une compagnie d’assurances.

-         Jean Pierson, retraité. Il a confié lors d'un débat télévisé, "être malade" au vu de ce qu'est devenu Airbus, une entité malade!

      Les fonctionnaires

-         Daniel Tenebaum, Directeur Général de l’Aviation Civile en 1988, a changé d’orientation en 1991 pour prendre la tête de la SANEF (autoroutes du Nord et de l’Est de la France). Il a laissé sa place à Pierre Henri Gourgeon. Victime d’un accident cérébral et lourdement handicapé, il a retrouvé un poste de direction à la DGAC. Il est également resté représentant de l'Etat français au conseil d'administration de l'Euroairport de Bâle-Mulhouse.

-         Bernard Mangane, (ancien contrôleur de la circulation aérienne), l’enquêteur du Bureau d’Enquêtes Accident qui a réalisé entre autres tâches, la transcription du CVR, a fait depuis une belle carrière. Après avoir été nommé Commandant d’Aérodrome à Cannes, il occuperait aux dernières nouvelles, ce même poste à Clermont Ferrand.

-         Claude Gérard, (ancien contrôleur de la circulation aérienne), responsable du district DGAC en Alsace. Il s’était chargé du transport et de la surveillance des enregistreurs le jour de l’accident et était déjà à la retraite en 1998, lors du procès devant la Cour d’Appel. A ce jour, il n’a toujours pas été confronté aux autres témoins du prélèvement des boîtes noires dont les versions des faits et les observations sont totalement différentes des siennes. En 2004, il a réactivé une plainte datant d’août 1998 contre les passagers et Michel Asseline pour dénonciation calomnieuse. Cette plainte fait suite à celle déposée par plusieurs passagers ainsi que Michel Asseline pour faux témoignage. Une instruction judiciaire est toujours en cours.

-     Paul-Louis Arslanian, est devenu Directeur du BEA avant de partir en retraite en 2009. Il a "traité" entre autre des accidents de Charm el Cheik et AF447.

      Les experts judiciaires

-         Raymond Auffray, a continué de réaliser des expertises pour la Justice lors d’accidents aériens et d'écrire des articles de vulgarisation dans des revues aéronautiques . Il développerait ses connaissances en pratiquant l’aviation légère en montagne et les enquêtes-accidents s'y rapportant. Il est mort subitement en 2009.

-         Michel Bourgeois (ingénieur général de l’armement) est décédé.

-         Max Venet et Jean Belotti n’ont pas poursuivi dans la direction initiale qu’ils avaient choisie (voir leur écrit : « synthèse du condensé de l’existant »). Après avoir tenté de s’assurer de la sympathie des pilotes mis en examen, ils ont au contraire tout fait pour les enfoncer et conforter la thèse officielle.

      Le juge Guichard les a par la suite chargé des expertises judiciaires concernant l’accident d’A320 du Mont Ste Odile. Leurs conclusions, visant surtout l’équipage ont été contrées par d'autres experts. Si Max Venet est resté présent jusqu'aux procès, J Belotti s'est fait porté malade pour ne pas avoir à défendre ses positions devenues identiques à celles d'Airbus.

          Les magistrats d’instruction

-         Le juge Germain Sengelin, dont les actes d’instruction ont permis de sauvegarder des informations essentielles au début de l’affaire, a pris sa retraite. Il enseigne à la faculté de droit de Mulhouse et est conseiller juridique. L’acharnement du parquet pour le mettre à l’écart du dossier de Habsheim est exemplaire. Y avait-il un risque à satisfaire sa curiosité ?

-         Le juge François Guichard, assisté des deux experts Venet et Belotti a sans doute été victime d’expertises « orientées ». Il a été élu adjoint au Maire de Strasbourg, puis a quitté la magistrature au cours de l’été 2001, après qu’une action en suspicion légitime ait été menée contre lui par l’Association des Victimes et Michel Asseline. Il est employé chargé des affaires juridiques à la mairie de Paris.

-         Le procureur Jean Wolf a été muté dans le sud de la France, puis….. à Toulouse. Récemment, il a été nommé à un poste important à la cour de cassation.

-    Mme Krieger-Bourg, juge d'Appel va également siéger au procès en Appel du Mt Ste Odile. Son arrêt va supprimer les indemnités accordées aux victimes en première instance et innocenter l'avion.

          Les avocats

-         Jean Michel Agron, conseil de Michel Asseline depuis le début de l’affaire, a vu ses mérites reconnus en recevant la Médaille de l’Aéronautique. Il est décédé en 2006.

-         Daniel Soulez Larivière reste le conseil favori des employés de l’Etat et autres hauts fonctionnaires. Il est le conseil de Claude Gérard dans son action menée contre les victimes pour dénonciation calomnieuse (cf. supra). Il défend la société TOTAL dans l’affaire de la pollution maritime de l’ERIKA, en demandant un non-lieu ou une relaxe pour sa cliente. Il est également le défenseur de Claude Frantzen dans le procès du Mt Ste Odile puis du Concorde.

Les syndicalistes

-         Christian Roger, ex président du SNPL Air France, commandant de bord B747 à la retraite et aussi ex-leader de la patrouille de France anime une Association luttant contre les nuisances sonores causées par le trafic aérien. Il réalise aussi des analyses concernant les accidents aériens (dernière en date, Sharm el Sheikh)

-         Le SNPL s’est rapproché sensiblement du constructeur Airbus au moment de la nomination de Geoffroy Bouvet, se disant lui-même fils spirituel de max Venet (cité plus haut). Sous sa présidence, l’avocat du syndicat Me Rappaport a demandé en appel la confirmation de la peine de prison ferme demandée à l’encontre de Michel Asseline, sans attendre les résultats des expertises menées par la police scientifique suisse concernant l’authenticité des enregistreurs de vol.

Le SNPL s’était porté partie civile dans l’instruction relative à  l’accident de l’A330 à Toulouse, dans lequel le chef pilote d’essais d’Airbus, Nick Warner  avait trouvé la mort avec 5 autres personnes dont deux pilotes d’Alitalia. Le SNPL a retiré sa plainte moyennant un dédommagement d’un montant inconnu et il n’y a pas eu de procès. Par la suite, de nouveaux présidents se sont succédés à la tête du syndicat. Ils ont permis à Michel Asseline, en lui donnant un travail, de traverser une période difficile de sa vie.

Les pilotes

-         Henri Petit, ex Directeur des Opérations Aériennes a été débarqué par Jacques Friedmann en septembre 1988, Il a fini sa carrière à Air France en qualité de commandant de bord B747, jusqu’à l’âge de 60 ans. Il continue depuis a être employé par la société « Air France consultant ». Il a été condamné définitivement à 18 mois de prison avec sursis, ce qui semble t’il n’a pas gêné sa carrière..

-         Pierre Mazières, copilote sur le vol accidenté, est resté à Air France. Il a terminé sa carrière en qualité de commandant de bord B747. Il perdu sa licence pour raison médicale en 1996, juste avant le procès, condamné à 12 mois de prison avec sursis, il n’a pas fait appel. Il  a totalement perdu le contact  avec l’Association des victimes et avec Michel Asseline, conséquence de son comportement au procès et de ses relations privilégiées avec « l’autre bord ».

-         Michel Asseline, principal accusé a été banni de fait par la suspension de sa licence de pilote de ligne. Après avoir mené une vie professionnelle très aventureuse dans différents pays, il est rentré en France pour purger sa peine (20 mois de prison dont 10 fermes). Il faut rappeler que la menace de la prison ne l’a pas fait changer d’idée sur le traitement suspicieux des enregistreurs et qu’il a quitté la salle d’audience pour ne pas y revenir dès le premier jour du procès en appel. Une fois sa peine terminée, il a été sollicité pour prendre le poste de Directeur des Opérations d’Air Lib, ce qui ne s’est pas réalisé. En revanche, il a exercé la fonction de Directeur du Centre d’Instruction et a participé très activement au lancement de l’A321 dans cette compagnie. Il a effectivement volé sur cet avion avant la fin d’Air Lib. Il a piloté ensuite durant plusieurs années des A320 dans des compagnies charter. Il est aujourd’hui retraité mais continue d'assurer la formation sur A320 de jeunes pilotes internationaux.

-         Claude Bechet, retraité, a quitté sa fonction de commandant de bord à l’âge de 60 ans pour occuper le poste (spécialement créé pour lui d’après ses propres dires) d’officier de sécurité de la compagnie ATR filiale d’Airbus.

-         Pierre Baud, a cédé sa place de chef pilote d’essais à Nick Warner décédé lors d’un essai en vol de l’A330, pour devenir Directeur du Centre d’Instruction d’Airbus. Lors des procès (diffamation, puis procès traitant de l’accident proprement dit), il a vigoureusement défendu Airbus Industrie menant le bal des « experts » de cette société venus en nombre pour assister les experts nommés par la Justice, alors qu’Airbus n’était ni partie civile ni prévenue. Appelés à la barre comme témoins, ils restaient ensuite dans la salle, répondant à chaque sollicitation du tribunal ou à celle des experts judiciaires officiels. Il a lui-même déclaré à Michel Asseline après une audience : « Je ferais tout pour sauver ma boîte ».

      Pierre Baud est aujourd’hui retraité.

-         Bernard Ziegler, retraité. Il a été mis en examen dans le procès du Mt Ste Odile et a très mal supporté que l'ergonomie de l'A320 soit dénoncée par le jugement de première instance. Heureusement pour lui, le "tir" a été corrigé en appel.

Les victimes

-         Réunies en Association, elles se réunissent chaque année pour une cérémonie sur le site à la mémoire des disparus. Elles montrent entre elles solidarité et courage. Ce n’est qu’au prix de longues tractations qu’Air France leur a offert quelques billets d’avion. Le 20ième anniversaire a été la dernière commémoration officielle sur les lieux du crash.

L’avion

-         Plusieurs milliers d'exemplaires en service, autant en commande. On peut légitimement considérer que c’est un succès commercial. Pour cela, il a subi des milliers de modifications qui l’ont rendu plus sur et performant. Même si, extérieurement il ressemble comme un frère jumeau à celui de l’accident, ce n’est plus tout à fait le même avion. Il continue toutefois d'être piloté par les lois informatiques conçues par Airbus, de plus en plus contestées par des pilotes.

     Les incidents accidents similaires

-         Deux cas au moins dont les conditions peuvent être considérés comme très proches de celles du vol de Habsheim, c'est-à-dire : impossibilité de remettre les gaz près du sol sans le toucher, une fois activée la loi de protection d’incidence en conséquence d’une vitesse faible, avec activation simultanée de la loi d’atterrissage et d’arrondi.

-         Bilbao Espagne –Iberia A320- source Aviation Safety week du 18 juin 2001

-         Roissy Charles de Gaulle -  Air France A320 – source Air France Bulletin de sécurité des vols N°21, cas 20-14

-     D'autres accidents graves ont eu lieu questionnant le système et ses lois de pilotage: TAM à Sao Paulo en 2007 et Air New Zealand à Perpignan en 2008.

Modifications

-         Les corrections apportées visent surtout l’entraînement des pilotes auxquels on suggère fortement l’usage de l’auto-poussée en mode « speed » et  l’augmentation de la vitesse lors des approches, qu’elles soient effectuées manuellement ou au pilote automatique.

-         L’instruction concernant les lois de pilotage, lors des stages de qualification est des plus succinctes et peu d’instructeurs sont capables de les expliquer à leurs stagiaires.

-         En conséquence, le niveau moyen des pilotes tant pour les connaissances théoriques que pour le contrôle manuel du vol a fortement baissé.